Les meubles de Catherine la Grande incarnent à eux seuls l’élégance, la puissance et le raffinement de la cour impériale russe du XVIIIe siècle. Grande mécène, l’impératrice s’entoure des plus grands ébénistes, décorateurs et sculpteurs pour meubler ses palais, notamment à Saint-Pétersbourg. Le mobilier commandé sous son règne reflète le style Louis XVI, très apprécié par la souveraine, mêlé à des influences rocaille, directoire ou encore néo-classiques.
Dans les salons de l’Ermitage ou du palais de Tsarskoïe Selo, chaque commode, console, armoire ou fauteuil bergère devenait une pièce unique, témoignage de l’art décoratif européen le plus raffiné.
Un mobilier entre tradition française et singularité russe
Catherine II ne se contente pas d’importer les tendances de la décoration intérieure occidentale. Elle les adapte à la culture russe, en y intégrant des symboles impériaux, des ornements en bronze doré, des patines sobres, et des essences de bois locales ou précieuses comme l’acajou, le palissandre ou le noyer.
Les pièces sont souvent travaillées en bois massif, avec des incrustations de marqueterie, des motifs floraux, et des dorures inspirées du style Louis XV, du style Empire ou du style Régence.
Parmi les matières utilisées dans ces mobiliers prestigieux :
- Le laiton, pour les ornements décoratifs
- Le velours ou le tissu gris, pour les assises et fauteuils
- Le vernis Martin, pour la finition laquée des commodes
- Le bronze doré, pour les piètements et sculptures
Le rôle des arts décoratifs et des ateliers impériaux
Les meubles de Catherine la Grande s’inscrivent pleinement dans l’histoire des arts décoratifs européens. L’impératrice fait appel aux meilleurs sculpteurs, menuisiers, orfèvres et céramistes de son temps. Certains artisans venaient de France, d’autres d’Italie, ou étaient formés dans les ateliers impériaux en Russie.
Les pièces les plus rares sont aujourd’hui conservées dans les collections du musée de l’Ermitage, au musée des Arts décoratifs, au Louvre, ou vendues lors de ventes aux enchères. Certaines œuvres sont visibles dans des pavillons historiques, parfois prêtées à des expositions temporaires ou des galeries spécialisées.
Une influence durable dans l’histoire du mobilier
Le mobilier de Catherine II a laissé une empreinte durable sur le design scandinave, les créations du style Empire, et jusqu’aux arts décoratifs contemporains. Ses goûts, tournés vers l’art décoratif, les formes géométriques, les décors néo-classiques et les matières nobles, influencent encore les designers modernes.
Aujourd’hui, les amateurs de brocante et antiquités recherchent avec passion des pièces d’époque ou des reproductions fidèles. On retrouve l’esthétique de ses meubles dans certains appartements haussmanniens, vitrines de musées, ou dans des collections privées tenues par de grands collectionneurs ou antiquaires.
Conclusion
Les meubles de Catherine la Grande représentent un sommet du mobilier impérial, à la croisée du raffinement français et du prestige russe. Riches en sculptures, dorures, et décors élaborés, ils incarnent la vision esthétique et politique d’une impératrice éclairée, passionnée d’art décoratif et de beaux objets. Témoins d’une époque fastueuse, ils continuent de fasciner les historiens, musées et amateurs d’antiquités du monde entier.